Le jardin a vu jour en 1980 enfin "jardin", c'est une manière de parler car il s'agissait de 3000 m² d'anciens champs de maïs laissés en état de friche.... Chardons et prêles poussaient à merveille et les premières tentatives de jardinage dans cette terre argileuse qui colle aux bottes en hiver et se craquelle l'été ont été un échec total. Pour comble, la propriété était balayée par les vents violents qui arrivent à travers la plaine (rien n'était construit à ce moment-là), anéantissant tous les efforts de mes premières plantations.
La consistance de la terre a été améliorée par de gros apports de tourbe et de sable grossier. Toutes les plantations sont réalisées avec des sujets très jeunes qui s'adaptent plus facilement à des conditions difficiles. Les problèmes de dessèchement en surface et surtout les désherbages, car je n'ai que très peu d'aide pour l'entretien du jardin, ont été résolus par un paillage systématique des tous les massifs. Le plus gros problème reste l'imperméabilité du sol avec, comme conséquence, des inondations après de fortes pluies. D'où l'existence de nombreux plans d'eau, et depuis l'hiver 2000/2001, d'un système de drainage devenu indispensable pour éviter que les plantes ne meurent par asphyxie racinaire.
Cette "terre à blé" à sous-sol humide et pH neutre, permet néanmoins de cultiver une gamme de plantes très riche et variée. Le jardin accueille actuellement environ 2000 plantes différentes dont une collection de rosiers essentiellement anciens, clématites, rhododendrons et azalées, hydrangeas, viburnums, érables (notamment des Acer palmatum), et des plantes à feuillage décoratif, etc. -de quoi combler la curiosité de tous les jardiniers, même ceux déjà expérimentés. De plus, tous les ans, la collection s'enrichit, le jardin se transforme en permanence, évoluant avec sa propriétaire... et les changements climatiques.
Ce jardin n'a pas la prétention d'appartenir à une des grandes tendances du paysagisme. Il s'agit d'un jardin des quatre saisons et, d'après ses tracés et la richesse végétale, il penche plutôt vers les jardins à l'anglaise aux multiples facettes d'aménagement. Mais mon jardin se veut avant tout respectueux de la liberté de chaque plante pour qu'elle puisse s'épanouir sans trop de contraintes. Le reste est une recherche de jolies associations et de coup de coeur pour que les végétaux se mettent mutuellement en valeur. Ainsi, les plantes et les hommes entrent en symbiose pour le plus grand bonheur de chacun. Pour cette même raison, je tiens à vous signaler que depuis toujours les traitements chimiques sont pratiquement inexistants dans ce jardin (réservés aux cas d'extrême urgence). Oiseaux, coccinelles, hérissons, crapauds et grenouilles se chargent d'éliminer la plus grande partie des parasites et s'il reste des plantes toujours malades, il vaut mieux se poser des questions sur d'éventuelles erreurs de culture. Généralement, c'est par notre propre faute qu'elles végètent ou dépérissent car nous n'avons pas su leur procurer les conditions nécessaires à leur épanouissement.